Ep7: Le terrorisme, révolution du droit international

http://www.terrorisme.net/p/article_231.shtml

"Comme il le remarque très justement, l'ordre qui avait prévalu lors de la création du droit de la guerre était centré, défini et contrôlé par les Etats (nations), ce qui n'est plus valable pour les guerres du 21ème siècle. Partant de l'incapacité des Etats traditionnels à défendre et à représenter leurs populations (ce qui est malheureusement vrai pour de nombreux Etats du Moyen-Orient), Al Qaïda vise à «contourner l'Etat et en particulier son monopole sur l'usage de la violence légitime», fait «irréconciliable avec le droit international» (p.36)"

"A l'inverse d'autres analyses qui mettent en avant des éléments inutilisables pour établir une stratégie contre Al Qaïda, l'auteur offre, après une brève histoire du réseau de Ben Laden, une analyse hautement politique du réseau. Contrairement à certains analystes qui le considèrent comme apocalyptique ou nihiliste, le réseau d'Al Qaïda poursuit des buts politiques, qui, une fois atteints, conduiraient à un arrêt des attentats.

Se fondant sur une analyse de 23 messages de Ben-Laden et Al-Zawahiri, Ould Mohammedou constate la récurrence de certains thèmes soit a) le retrait des troupes américaines du Moyen-Orient, b) l'arrêt du soutien américain à Israël dans son occuption des territoires palestiniens et c) la fin du soutien américain aux régimes illégitimes du Moyen-Orient (p. 70).

Dans la perspective de sa conception politique d'Al Qaïda, l'auteur ajoute que, le terrorisme a remplacé la guerre dans le paradigme clausewitzien «de la guerre comme continuation de la politique par d'autres moyens» (p.74-75). Le terrorisme étant de ce fait hautement politique, celui-ci doit recevoir une réponse également politique qui adresse les thèmes mis en évidence dans les communiqués d'Al Qaïda. Il déclare ainsi «l'histoire nous apprend que l'engagement face aux terroristes exige invariablement d'aborder les problèmes soulevés, c'est-à-dire de reconnaître les griefs collectifs dans lesquels ils inscrivent leurs recours à la force, décrits comme des actions politiques en réponses à des problèmes spécifiques» (p.89)."

Ancrages:
- définition du terrorisme (Louise Richardson, livre, podcast)
- désuétude du droit international actuel pour traiter le problème
- réponse politique ou éradication militaire?
-
A vos claviers

Je reprends depuis ce lien une définition du terrorisme:

"terrorism is defined as the threat or use of violence on non-combatant populations or property with the express goal of creating or exploiting fear in a larger audience for political or ideological reasons"

Donc:
"Le terrorisme est défini comme la menace ou l'utilisation de la violence sur des populations ou des propriétés non-combattantes avec l'objectif explicite de créer ou d'exploiter la peur chez une plus large audience pour des raisons politiques ou idéologiques"

Les 4 points fondamentaux:
- menace ou usage de la violence
- cibles non-combattantes
- acte de "publicité" de la peur vers un public plus large que la cible
- motifs idéologiques ou politiques

Prenez vos terroristes favoris, et vérifiez si leurs actes correspondent bien à des actes terroristes.

A vos claviers

De la bouche de Louise Richardson: le terrorisme

- est un acte avec des visées politiques (bombardement d'ambassades pas un acte
- utilise la violence ou la menace de la violence (cyber terrorisme est une contradiction)
- est empreint de symbolisme et dirigé contre des cibles symboliques
- est un acte de communication d'un message politique (défaite de l'ennemi pas recherché pas l'acte)
- est un acte dont les cibles et les victimes sont différentes (victimes pas importantes, effet des meurtres important)
- cible des non-combattants délibérément

Déclarer la guerre au terrorisme est donc complètement idiot puisque le terrorisme est une tactique. Déclarer la guerre à un sentiment (la terreur, "War on terror") est encore plus idiot.

Nos amis Américains ont donc commis deux erreur graves en essayant de déclarer la guerre à quelque chose qu'on ne défait que très rarement avec la force militaire.

Mais ça fait "tough guy", le mec qui s'en laisse pas compter, qui enfourche son tank et va niquer le méchant ennemi. D'ailleurs, la plupart de mes connaissances américaines comparent la guerre en Iraq et en Afghanistan avec les guerres contre l'Allemagne nazie...

Vincent a écrit:

Déclarer la guerre au terrorisme est donc complètement idiot puisque le terrorisme est une tactique. Déclarer la guerre à un sentiment (la terreur, "War on terror") est encore plus idiot.

Nos amis Américains ont donc commis deux erreur graves en essayant de déclarer la guerre à quelque chose qu'on ne défait que très rarement avec la force militaire.

Très joli. Et on combat le terrorisme avec quoi exactement alors ? C'est quoi l'alternative européenne à la War on Terror ? La couardise façon Espagne après les attentats de Madrid ? Je ne suis pas certain que cette solution soit plus efficace à long terme. A part si on part du principe qu'il faut combattre les terroristes en leur donnant ce qu'ils veulent. Effectivement, on éliminerait le terrorisme islamofasciste en acceptant toutes les revendications de nos amis barbus. Mais bon...

Je te conseille vivement la lecture de "What terrorists want".

Ensuite, et je me répète, mais c'est important: on ne peut pas déclarer une guerre militaire à une tactique ou à un sentiment. C'est juste pas possible, pas pratique, pas gagnable. On peut utiliser des moyens militaires, des tactiques militaires, le renseignement, l'infiltration, la coordination entre services de renseignements, etc. (tout ça se fait, of course). On peut aussi subventionner l'éducation et l'économie des pays cibles (le Hamas aurait bien moins de supporters avec un taux de chômage plus bas). Mais la tactique étasunienne qui consiste à envoyer l'armée foutre le bordel, c'est juste complètement crétin. La preuve en Iraq, en Afghanistan, mais aussi en Italie, en Allemagne, en Irlande, et j'en passe.

Tu entends quoi par "la couardise façon Espagne"?